Accueil A la une Télévision tunisienne: Ces anciennes séries cultes qui s’imposent

Télévision tunisienne: Ces anciennes séries cultes qui s’imposent

Pourquoi tant de fictions sont-elles à revoir sur nos chaînes, alors qu’on n’a jamais eu autant de nouvelles séries à découvrir qu’à notre époque ? D’où vient ce besoin de se replonger en continu dans ces vieux feuilletons ?


Dans un monde numérique qui nous donne accès à une infinité de divertissements et de produits culturels, les chaînes de télé nationales rediffusent en continu des feuilletons qui datent de plus d’une décennie auparavant. Et curieusement, les spectateurs ne s’en lassent pas ! Mais, pourquoi tant de fictions sont-elles à revoir sur nos chaînes, alors qu’on n’a jamais eu autant de nouvelles séries à découvrir qu’à notre époque ? D’où vient ce besoin de se replonger en continu dans ces vieux feuilletons ?

Des rediffusions en boucle

Les plateformes de vidéos et de téléchargement ont certainement changé notre relation avec les chaînes télé. Pourtant, les Tunisiens se tournent encore vers les mêmes séries qu’ils continuent à regarder d’une manière presque quotidienne. Qui n’a jamais passé sa soirée à revoir une énième fois les épisodes de «Choufli Hall» ou de «El Khottab al beb» ? Le bureau de Slimane Labiedh, le héros de Choufli Hall joué par Kamel Touati, ou le studio de «Sboui» feu Sofiene Chaari nous sont devenus familiers alors même que nous n’avons jamais mis un pied dans ces lieux fictifs. Six saisons en tout et 134 épisodes de ce feuilleton culte que nous avons découvert en 2005 et qui ne semble pas prendre une ride. C’est pareil pour «El Khottab al beb», qui date de 1996, avec ses 30 épisodes sur 2 saisons. Ces nombreuses heures de visionnage et revisionnage s’insèrent dans la temporalité du quotidien. On les met à l’heure du dîner, dans une sorte de rituel fondamental. On guette même certains épisodes particuliers alors qu’on les connaît déjà par cœur et qu’ils n’ont plus aucun secret à nous dévoiler, comme celui de «Choufli hall» qui rythme chaque réveillon. Il n’y a plus de surprises. On sait comment se dénouera l’intrigue. Pourtant, on en discute encore sur les réseaux sociaux et on analyse le contenu et les personnages. En dehors des questions budgétaires, comme les programmes inédits coûtent très cher, les rediffusions sont souvent le résultat d’un choix quasiment stratégique. L’objectif d’une chaîne étant de maximiser les revenus, ils misent sur ces séries qui ont un taux d’audience élevé, ce qui implique de bonnes recettes publicitaires. Même sur YouTube, certains épisodes ont dépassé les 10 millions de vues, détrônant visiblement les productions récentes les plus abouties. Ces chiffres confirment que les rediffusions à la télé sont sur la demande des spectateurs et répondent bien aux attentes des jeunes et des moins jeunes qui apprécient de les revoir. Mais alors que les plateformes de streaming augmentent leurs offres de contenus chaque année, pourquoi les Tunisiens se tournent-ils toujours vers les mêmes séries ? Qu’ont-elles encore à nous apprendre ?

Un rapport d’émotions

et de nostalgie

Il se trouve qu’il y a des raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas nous passer de ces rediffusions, même si nous avons vu les épisodes plusieurs fois. «Un rapport d’identification et une bonne dose de nostalgie», nous répond le docteur en sociologie Foued Ghorbel. «C’est lié à notre propension à idéaliser le passé. Nous sommes attachés aux vieilles séries parce qu’elles réveillent notre nostalgie, un souvenir réconfortant de nos jeunes années, comme si l’on retrouvait des amis», ajoute Dr Foued Ghorbel. «Il est vrai que les personnages sont attachants et qu’ils incarnent la pierre angulaire des anciens feuilletons, que l’on s’identifie à eux et qu’ils comptent pour nous plus que le sujet même des fictions. Ils évoquent des mondes qui nous sont proches. On a tendance à s’y reconnaître dans certains aspects. Les thèmes sont structurés autour de rapports sociaux et familiaux sains et présentent des situations de notre quotidien. C’est ainsi qu’ils parviennent à créer un lien de proximité avec leur public et ne le déçoivent jamais. Par contre, les nouvelles séries représentent rarement la classe moyenne. On s’y perd. Les personnages et les thèmes sont tellement audacieux qu’on n’ose plus se réunir en famille pour les regarder».

On ne revisionne donc pas les anciens feuilletons ni pour le suspense ni pour assouvir notre soif de découverte, mais plutôt pour se réconforter. Ils mettent en lumière des personnages ordinaires menant une vie ordinaire. Sous couvert de scènes hilarantes, ils s’adressent à toutes les générations et se veulent porteurs de messages positifs et universels. Ces rediffusions soulèvent un ensemble de questions existentielles qui sont toujours d’actualité et offrent une dose de bien-être en famille. C’est pour cette raison qu’on ne cesse de revoir ce qui nous a procuré, et continue de nous procurer, des moments de bonheur presque quotidiens.

Amal BOU OUNI

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